Les TMS - Fléau du monde de l’entreprise

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De quoi parle t-on ?

La première cause de mise en invalidité de première catégorie

Les troubles Musculo-Squelettiques (TMS) regroupent une quinzaine de maladies qui résultent d'un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les sollicitations et contraintes auxquelles il est exposé. Ils affectent les muscles, les tendons, les nerfs des membres supérieurs et inférieurs et de la colonne vertébrale, et se traduisent par des symptômes douloureux et par une capacité fonctionnelle réduite.

Il est aujourd’hui établi que l’activité professionnelle joue un rôle majeur dans la survenance, le maintien ou l’aggravation de ces pathologies qui touchent principalement les épaules, le coude, les extrémités des membres supérieurs, le cou et le dos.

S'il existe des facteurs de risques individuels (avancé en âge, diabète, obésité, insuffisance thyroïdienne, rhumatisme inflammatoire…), le rôle des facteurs professionnels dans leur survenue n'est plus à démontrer.

À terme, ces facteurs peuvent induire des gênes fonctionnelles, des douleurs épisodiques, voire chroniques pouvant conduire jusqu’à l’inaptitude ou au handicap. Il est important de noter que les TMS se situent au 2e rang des causes médicales de mise en invalidité après les affections psychiatriques et au 1r rang des causes de mise en invalidité de première catégorie.

Du fait de leur fréquence et de leurs conséquences médicales, fonctionnelles et professionnelles les TMS constituent aujourd’hui l’une des questions les plus préoccupantes de santé au travail dans l’ensemble des pays industrialisés.
 

Les facteurs risques professionnels

 

Organisation

 

Des études montrent que les TMS sont la résultantes de la combinaison de multiples facteurs de risques. Les contraintes professionnelles qui favorisent la survenue des TMS sont liés :

  1. - au poste de travail et à son environnement :  poste dysfonctionnel, efforts musculaires excessifs, postures inconfortables et statiques, gestes répétitifs, travail immobile prolongé, manutention d’objets lourds, vibrations, températures extrêmes, travail sur écran ;
  2. - à l’organisation du travail  : cadence imposée, temps de récupération insuffisant, absence de latitude décisionnelle, temps de formation insuffisant, faible coordination des équipes, conception des process n’intégrant pas les utilisateurs, changements de hiérarchie et de personnels sans adaptation, investissements matériels inadaptés aux gestuelles ;
  3. - au climat social de l’entreprise : tensions, stress , manque d’entraide ou de moyens pour bien faire.


Topographie des TMS

  1. Le membre supérieur est à l’honneur

Homme TMSPour 10 salariés, l’examen médical diagnostiquerait que 1 à 2 d’entre eux ont au moins un TMS des membres supérieurs.Ce résultat est largement supérieur pour 3 secteurs d’activités : la construction, l’industrie manufacturière et l’agroalimentaire. Il évolue nettement dans d’autres secteurs comme celui du commerce et de la distribution. Cette estimation, si on y ajoute l’ensemble des pathologies (dos et membres inférieurs), montre qu’un très grand nombre de salariés sont (déjà) touchés et que le nombre de maladies professionnelles reconnues est bien en deçà du potentiel de déclarations. Dans un contexte de vieillissement de la population active, l’enjeu est de taille !

Les affections les plus fréquentes sont celles concernant le poignet et la main (38 %) du fait du grand nombre de pathologies liées au canal carpien, l’épaule (30 %) et le coude (22 %).

Les TMS liés au rachis (7 %) et aux membres inférieurs (2 %) sont plus rares.

Les TMS graves sont plus fréquents parmi ceux localisés à l’épaule (80 % entraînent une incapacité) et le rachis (70 %).


Enjeu économique et social majeur

Les TMS ont souvent des conséquences sous-estimées pour l’entreprise

4 maladies professionnelles sur 5 (atteinte à la santé, contractée au travail, qui résulte d’une série d’événements à évolution lente auxquels on ne saurait assigner une origine et une date certaine) sont des troubles musculo-squelettiques (TMS), reconnait le régime général et agricole de sécurité sociale. Près de la moitié laissent des séquelles (incapacité permanente partielle) dans la vie quotidienne du travailleur.

Les TMS sont la première cause d'indemnisation pour maladie professionnelle reconnue soit environ 3/4 de celles-ci. Les TMS constituent également la première cause de journées de travail perdues du fait des arrêts de travail, avec en 2015, la perte de plus de dix millions de journées de travail.

Ce phénomène, largement sous-estimé par les statistiques de maladies professionnelles, du fait notamment de l'existence d'une sous-déclaration notable. Cependant on observe une augmentation de reconnaissance des TMS de 8 % à 10% par an.

Le risque de TMS touche très différemment les catégories socioprofessionnelles. Les ouvriers représentent plus de 2/3 des TMS contre 1/4 pour les employés et 2 % pour les cadres et les professions intermédiaires.

En outre, les TMS occupent la première place des maladies professionnelles reconnues dans plusieurs pays d’Europe.
 

En Occitanie

2 441 maladies professionnelles ont été reconnues par les CARSAT sur la région Occitanie en 2014. Près de 80% d’entre elles concernent les affections péri-articulaires.

Les TMS représentent un peu plus de 87% des maladies professionnelles soit 2 399 cas.Occitanie

Parmi les secteurs les plus concernés par les maladies professionnelles figurent :

- Services, commerces, industries de l’alimentation

- Activités service (travail temporaire, action sociale, santé, nettoyage,...)

- Bâtiment et Travaux Publics

- Métallurgie

L’analyse au cours des 15 dernières années sur l’évolution des expositions aux risques professionnels au travers des enquêtes SUMER (1994, 2003 et 2010) montre une persistance des phénomènes de multi-exposition dans de nombreuses activités, un renforcement de l’exposition aux contraintes organisationnelles et un accroissement important des expositions des salariés aux facteurs psychosociaux. Cette surexposition peut s’expliquer en partie par les postes occupés où les caractéristiques du travail peuvent générer des TMS (travail plus morcelé, relations avec le public, travail répétitif, travail sur écran...).

Les principaux agents d’exposition relevés chez ces patients sont les facteurs biomécaniques dans 83% des cas mais les facteurs physiques (11%) et les facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (6%) sont également présents.

Dans la fréquence des problèmes de santé ressentis ou retrouvés à l’examen médical  en Occitanie (2353 questionnaires), on retrouve principalement des troubles ostéo-articulaires :

- Du rachis : plaintes ou signes cliniques à 22,8% et 12,5% de gêne dans le travail

- Du membre supérieur : plaintes ou signes cliniques à 16,6% et 9,8% de gêne dans le travail

- Du membre inférieur : plaintes ou signes cliniques à 10,1% et 4,9% de gêne dans le travail

 

Sources

  1. Institut de la Veille Sanitaire (INVS)
  2. Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT)
  3. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
  4. La Caisse Nationale de l'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNMATS)
  5. Extrait étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) résultats décembre 2016 N° 081.
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